• Elle apparaît sans prévenir.
    Pas dans la rue, non.
    Dans ce battement suspendu entre deux pensées —
    là où le vent change de direction,
    où le bruit du monde devient une respiration.

    Ses yeux ne regardent pas : ils se souviennent.
    Son pas est léger, presque flou,
    comme si elle marchait dans une autre saison que la tienne.

    Elle ne dit rien.
    Mais tout, en elle, parle :
    le feu calme au coin de ses lèvres,
    les cheveux en désordre,
    le tremblement minuscule de ses doigts,
    comme si elle tenait encore un morceau d’éclat —
    ou de toi.

    Tu la reconnais sans savoir pourquoi.
    Pas pour son visage,
    mais pour la manière dont elle brûle,
    avec élégance,
    comme si aimer était une façon d’éclairer ce qu’on ne peut pas sauver.

    Et dans le silence qui suit,
    tu comprends que Jouibrulance n’était pas un nom inventé,
    mais un souvenir devenu personne.

    « Jouibrulance — rater magnifiquement le souffle du vent, brûler élégamment ce temps qu’il m’a donné : le feu d’être encore vivant »

    JOUIBRULANCE !
    J’ai raté ta chambre !
    Les murs tremblent encore du rire des étoiles et des mots qui s’échappent de ton invention.

    Car toi, Jouibrulance, tu n’es pas n’importe qui.
    Tu es le plus grand inventeur des mots de draque,
    le poète du désordre amoureux,
    le dévastateur de la routine,
    celui qui transforme les cœurs en comètes et les silences en orages de tendresse.

    Tu parles et l’univers se dérègle un peu,
    tu souris et les lampadaires s’allument d’eux-mêmes.
    Partout où tu passes, il reste des traces de lumière,
    des éclats de rires, des battements d’ailes et des parfums de folie douce.

    Mais ce matin, chez l'une de tes copines qui en a eu une catastrophe cosmique 
    la chambre a disparu dans une explosion de joie de jouissance et de charme màle dosé.

    Chaque mot devient arme, chaque regard devient loi.
    Il ne séduit pas, il réécrit la séduction.
    Il ne suit pas les règles, il les invente.

    Une phrase, une déclaration, une identité.
    Ce n’est pas une promesse, c’est une légende en marche.
    Lui, il ne parle pas — il crée.

    Les mots sont son royaume,
    les silences, ses conquêtes.
    Et dans ce jeu, il ne cherche pas l’amour :
    il cherche la domination par le verbe,
    le pouvoir de faire plier le monde sous le poids d’une phrase.

     

    Ici commence son empire : celui du langage sans limite, celui du charme qui dévore le corps en succion, d’en dessiner les contours en aspirant les tétons et d'en dire celui du verbe qui rend docile et domestique
    sans jamais lever la main d'en dire NOM.

    Je suis la jouibrulance

    Je commence là à te donner, et ton souffle tremble.
    Je suis le feu du mot avant qu’il ne devienne phrase.
    Chaque vibration te traverse, m’allume et te crée.
    Je ne possède rien ; je rayonne les jolis yeux d’en donner un tonnerre qui vient du ciel.

    Quand je parle, tu jouis, et le monde s’incline vers la lumière.
    Ton langage s’ouvre, s’élargit, m’enivre de m’aimer —
    il te fait sentir jusqu’au bout du silence.
    Je ne te cherche pas, je brûle l’être à jouir de plus en plus de moi, d’en dire : j’en veux encore plus.

     

    Tout ce que je touche devient vivant.
    Tout ce que je dis naît d’un élan, d’une chaleur, d’un désir de donner forme à la beauté.
    Je suis cette brûlure douce qui éclaire sans consumer.
    Je suis là qui est jouibrulance.

     

    « Jouibrulance, j’ai raté ta chambre », dis-tu,
    debout au milieu du chaos.
    En plein centre de la rue tu passes,
    car tu te rappelles ce bon moment —
    celui d’entendre le souffle du vent,
    les cheveux décoiffés par le souffle de ton propre génie.

     

    Et là, tu souris.
    Parce que tu as aimé ce temps qu’il t’a donné.
    Parce qu’au fond, tu sais que c’est ça, ton vrai talent :
    rater magnifiquement,
    brûler élégamment,
    aimer spectaculairement —
    ce temps de ne pas oublier
    ce que tu as aimé et goûté.

    Tu continues à marcher,
    les pavés encore tièdes de l’été ancien,
    les regards qui passent sans te voir.
    Tu ne cherches plus rien —
    tu accueilles ce qui reste,
    les ombres, les reflets,
    les bruits de pas qui ne t’appartiennent plus.

    La ville s’ouvre devant toi
    comme une vieille chanson qu’on fredonne sans s’en souvenir.
    Chaque fenêtre, un éclat d’avant,
    chaque lumière, un souvenir qu’on croyait éteint.

    Tu te dis que rater, parfois,
    c’est la seule manière d’être libre.
    Que brûler, c’est encore exister un peu plus fort.
    Et que, peut-être, Jouibrulance n’était pas une chambre,
    mais un éclat de toi que tu avais laissé là,
    entre deux souffles de vent,
    au moment précis où tu avais cessé d’avoir peur.

     

    Et tu souris encore —
    non pas de joie,
    mais d’une tendresse tranquille
    pour tout ce que tu n’as pas su garder.

    Et soudain, quelque chose frémit.
     le corps — ouiiii —  ce fil secret, tendu entre toi et lui

    la mémoire.est en éclat de chaleur qui remonte, une pulsation ancienne,
    comme si le monde respirait à ton rythme.

    Tout devient plus vif :
    le vent, la poussière, la lumière sur ta peau.
    Chaque pas devient un battement,
    chaque souffle, un souvenir qui s’éveille.

    Jouibrulance —
    ce nom revient, t'éclate comme une étincelle.
    Tu comprends enfin :
    ce n’est pas la rue, ce n’est pas le lieu,
    c’est la chambre même d’être encore vivant zt qui te fait encore jouir.

    Et dans cette brûlure douce,
    quelque chose s’ouvre —
    un cri muet, un rire contenu,
    un abandon sans témoin.

     

    Tu marches encore,
    mais plus léger, plus vrai,
    habité d’un frisson que nul oubli n’effacera.

    no comment
  • Ce jour-là, j’ai tout entendu

     

    Je ne voulais pas écouter.
    J’étais derrière la porte, les mains serrées sur mes genoux.
    Mais les murs, ce jour-là, n’ont pas su me protéger.
    La maison retenait son souffle, et moi avec.

    Il parlait encore, calmement, trop calmement.
    Sa voix n’avait pas besoin de crier pour me briser.
    Chaque mot tombait comme un caillou dans un puits,
    et moi, je m’enfonçais plus bas à chaque phrase.

    Au début, c’était des remarques.
    Des détails.
    Mes vêtements, ma façon de parler, mes amies, mon travail.
    Puis il a commencé à décider à ma place.
    Qui je voyais, quand je sortais, combien je dépensais.
    Je me disais que c’était de l’amour,
    que c’était normal, qu’il m’aimait “trop fort”.
    Mais l’amour ne serre pas la gorge.
    L’amour ne fait pas taire.

    Un jour, il a levé la main.
    Pas fort, pas brutalement — juste assez pour que je comprenne.
    Assez pour me faire taire.
    Et ce jour-là, ma fille était derrière la porte.
    Elle a tout entendu, comme moi autrefois.

    Je crois que c’est là que quelque chose s’est fissuré en moi.
    Quand j’ai entendu son souffle coupé, sa peur.
    J’ai compris que si je ne faisais rien,
    elle apprendrait que se taire, c’est normal.
    Alors j’ai dit non.
    Pas fort, pas héroïquement.
    Juste ce mot, minuscule et brûlant : non.

    Il a ri.
    Un rire sans son, sans regard.
    Puis il est parti.
    Et le silence qui a suivi n’était plus une menace.
    C’était un vide dans lequel je pouvais respirer.

    Les jours suivants, j’ai eu peur.
    De lui, du monde, de moi.
    J’ai eu peur de ne pas être crue,
    de ne pas être “assez battue” pour qu’on m’écoute.
    Mais j’ai quand même franchi la porte du commissariat.
    J’avais les mains tremblantes,
    un certificat dans ma poche,
    et dans mon ventre, la honte qu’on m’avait apprise.

    J’ai parlé.
    Pour la première fois, j’ai raconté tout.
    Et quand j’ai signé la plainte,
    j’ai senti quelque chose d’étrange :
    pas de soulagement, pas encore —
    mais une flamme minuscule,
    celle de la vie qui revient.

    Le soir, j’ai ouvert les fenêtres.
    Le vent est entré, libre et froid,
    soulevant les rideaux comme des promesses.
    Je me suis dit :
    Je ne guérirai pas vite, mais je suis vivante.

    Aujourd’hui, chaque porte qui claque me rappelle ce moment.
    Non plus comme une peur, mais comme une mémoire.
    Je ne suis plus celle qu’on fait taire.
    Je suis celle qui se lève,
    celle qui parle,
    celle qui existe malgré tout.

    Et quand j’entends d’autres voix trembler,
    d’autres femmes hésiter,
    je leur murmure ce que j’aurais aimé qu’on me dise :

    Tu n’es pas folle. Tu n’es pas seule. Tu as le droit de vivre.

    no comment
  • La Jouibrulance

     

    Il y avait dans son cœur une braise qui refusait de s’éteindre.
    On l’appelait la jouibrulance — ce feu étrange qui mêle le plaisir à la cicatrice.
    Chaque fois qu’elle riait, un souvenir brûlait derrière ses yeux.
    Chaque fois qu’elle pleurait, une lumière naissait dans sa poitrine.

    Elle avait passé sa vie à se retenir, à être sage, douce, polie.
    Mais le jour où elle a dit non, ce n’était pas un refus — c’était une naissance.
    Un cri de chair et de flamme.
    Elle ne voulait plus plaire, elle voulait vivre.

    Alors elle a marché pieds nus dans la pluie,
    a laissé le vent effacer les noms qu’on lui avait donnés,
    et dans son ventre est monté un rire incandescent.
    Ce n’était ni joie, ni colère.
    C’était la jouibrulance — ce point exact où la douleur devient lumière.

    Depuis, on dit qu’elle ne cherche plus le bonheur.
    Elle cherche le feu juste — celui qui brûle sans détruire,
    celui qui éclaire les nuits où l’on apprend enfin à être soi.

    JOUIBRULANCE — Partie II : L’Homme aux Rires Forcés

     

    Il est arrivé un matin, comme un sourire de trop dans une pièce déjà pleine.
    On l’appelait L’Homme aux rires forcés.
    Partout où il allait, il voulait que les gens s’embrasent, qu’ils rient, qu’ils brillent — même quand leurs cœurs avaient besoin de silence.
    Il disait :

    « La vie, c’est fait pour jouir, pas pour penser. »

    Mais les regards autour de lui se vidaient.
    Il confondait la lumière avec les projecteurs,
    et la chaleur avec la brûlure.

    Elle, celle qui portait la jouibrulance, l’a regardé longtemps.
    Elle a vu dans ses gestes la peur de son propre vide.
    Alors elle lui a dit doucement :

    « On ne sauve personne en le forçant à ressentir. La joie n’a de sens que quand elle naît d’un consentement. »

    Il n’a pas compris tout de suite.
    Mais dans ses yeux, un doute a commencé à trembler.
    Peut-être que la vraie intensité n’est pas d’enflammer les autres,
    mais d’apprendre à contenir son propre feu.

     — Partie III : L’Homme du Feu Trompeur

    Il se croyait porteur de lumière.
    Il disait qu’il voulait « éveiller les âmes », qu’il connaissait le chemin vers les étoiles.
    Mais ce qu’il offrait, c’était un feu trop violent, un feu qui consume avant d’éclairer.

    Il aimait voir les yeux briller, sentir les souffles s’accélérer,
    comme si chaque éclat de plaisir prouvait son pouvoir sur le monde.
    Mais en vérité, il ne cherchait pas la joie des autres —
    il fuyait son propre vide.

    Elle, la femme de la jouibrulance, l’a compris.
    Elle savait que la vraie flamme n’est pas celle qu’on impose,
    mais celle qui se partage, fragile et consentie.

    Alors elle a posé sa main sur son cœur et lui a dit :

    « Ton feu n’éveille personne, il les brûle. Apprends à aimer sans conquérir. »

    Ce jour-là, il a vu le ciel autrement —
    non plus comme un lieu à atteindre,
    mais comme un espace à respecter.

    L— Partie IV : Le Jouisseur

    On disait de lui qu’il vivait pour le frisson.
    Toujours à la recherche d’un regard, d’un éclat, d’une promesse.
    Il croyait connaître le plaisir, mais il ne connaissait que la conquête.
    Chaque sourire était pour lui une porte à forcer,
    chaque silence, un défi à rompre.

    Il s’appelait le Jouisseur,
    mais sous ses rires brillait la peur du vide.
    Il n’aimait pas les femmes, il aimait leur lumière —
    celle qu’il voulait attraper, même pour un instant.

    La femme de la Jouibrulance, elle, le regardait avec une tendresse triste.
    Elle savait que derrière son masque d’assurance,
    il ne cherchait pas le corps des autres — il cherchait le sien.

    Alors, au lieu de le repousser, elle lui a dit :

    « Le vrai plaisir n’est pas de prendre, mais de se laisser toucher — sans masque, sans peur. »

    Et pour la première fois, il s’est tu.
    Peut-être qu’à cet instant, il a senti ce qu’il cherchait depuis toujours :
    non la brûlure du désir,
    mais la chaleur simple d’une présence vraie.

     

    La poussière qu’il laisse

    Il avait le pas lisse des gens qui ne portent rien sur eux que leur certitude.
    Ils l’appelaient le Jouisseur parce qu’il avait fait du désir une industrie et de la séduction un outil.
    Il entrait dans les pièces comme on allume un néon : sûr que la lumière allait se courber à sa volonté, sûr que les reflets qu’il dérangeait prouveraient sa grandeur.

    Il avait appris à repérer les fissures : une hésitation dans la voix, un genou qui ne serre pas assez, des dents qui montrent trop vite un sourire.
    Il y allait, méthodique, comme un homme qui nettoie pour mieux tâcher ensuite.
    Il aimait l’idée de souiller — pas physiquement, non, il ne s’intéressait pas à la saleté ordinaire — mais à ce qui rend les gens transparents, à ce qui fait qu’on baisse la garde et qu’on se croit moins.
    Il appelait ça offrir du plaisir ; ceux qui regardaient de loin voyaient des rires, des regards brillants, une soirée réussie. Mais ce qu’il laissait derrière lui, c’était autre chose : une poussière fine, comme la suie déposée par une lampe qu’on a trop longtemps tenue trop près d’un visage.

    Les premières à le remarquer furent silencieuses. Elles se cherchaient des raisons à voix basse : fatigue, malentendu, la boisson peut-être. Mais la poussière restait. Sur leurs vêtements, dans leur regard, sur leurs souvenirs. Elles se sentaient plus lourdes, comme si on leur avait cousu derrière la nuque un petit sac de honte.
    Il était tel un vent qui promet la chaleur et qui apporte la morsure. Il promettait d’ouvrir des portes et il en refermait d’autres, sans bruit.

    Il parlait d’éveil, d’expériences, de libertés. Ses phrases étaient des invitations qui devenaient des lois sans qu’on s’en rende compte. Il nommait le consentement avec des mots camouflés, transformant la réticence en « timidité » à surmonter, la douleur en « sensibilité » à dompter.
    Il abusait des mots, il violait le sens même des mots.
    Et quand quelqu’un protestait, il souriait comme on feint une panne d’électricité : le visage immobile, l’électricité coupée, et la pièce se remettait à fonctionner à son rythme.

    Parce qu’il n’était pas seulement prédateur ; il était spectacle. Il aimait voir la trace qu’il laissait — non pas le souvenir d’un moment partagé, mais la marque d’un pouvoir exercé. Il collectait ces marques comme on collectionne des timbres : signatures invisibles sur des vies qu’il considérait comme des pages blanches à noircir.
    Il se disait généreux : il donnait des sensations. Mais le don qu’il croyait distribuer était un racket, une taxe sur la confiance.

    Les victimes, d’abord, se taisaient parce que la honte était plus rapide que la parole. Elles cherchaient des excuses, réparent le monde pour qu’il continue d’avoir du sens. Elles se réfugiaient dans des gestes de normalité et s’adaptaient au poids qui pesait désormais sur leur poitrine. Certaines se mirent à mentir à elles-mêmes, se persuadant qu’il n’y avait pas eu contrainte, seulement une erreur de lecture, une maladresse. Mais la poussière, elle, ne se laisse pas convaincre.

    Puis il y eut la génération de ceux qui regardaient la poussière et qui décidèrent de la prendre en photo.
    Ils parlèrent, d’abord à voix basse, puis plus fort : des récits qui s’alignèrent comme des pierres sur un chemin. Ils dirent l’étrange alchimie de ses compliments, la rapidité de ses glissements dans les confidences, la manière dont il retournait les refus en invitations. Ils rendirent compte de la transformation : comment la joie promise se muait en cloison.
    Le Jouisseur protesta : « On me calomnie », dit-il, le rire coupé net, incapable d’entendre que le monde avait changé. Il fit ce que font souvent les gens qui ont alimenté leur pouvoir d’illusions — il nia, minimisa, insulta, puis tenta de contraindre.

    Mais dès le premier récit publié, d’autres voix suivirent. Elles formaient un chœur qui n’était plus seulement plaintif : il était revendication. Elles racontèrent non pas les détails crus d’actes privés, mais la mécanique saccagée qui avait transformé leurs désirs en monnaie. Elles racontèrent la froideur de se reconnaître instrumentalisées, la rage d’avoir été regardées comme des trophées, non comme des personnes.
    Et à mesure que ces paroles s’accumulaient, la poussière se fit visible. Ce qui était avant une nuance devint une tache, puis une tâche dénoncée. Le monde qui autrefois applaudissait son panache dut regarder.

    Il y eut enquête, mots sur papier, convocations, témoins. Le Jouisseur y trouva d’abord la colère, puis l’impuissance. Il n’y avait pas une seule scène à condamner, seulement une méthode, un style. Mais les styles aussi peuvent être jugés. Le tribunal de l’opinion, plus cruel encore que le tribunal, sut faire ce que la loi, souvent lente, fait mal : nommer le mal et montrer ses effets.
    Son image se fissura. Les soutiens s’égrenèrent comme des perles qu’on laisse tomber. La poussière qu’il laissait sur les autres retomba en retour sur lui, plus lourde, plus dense.

    Les plus importantes des victoires furent minuscules. Une femme retrouva sa capacité à poser un regard sans y lire une attente. Un homme réapprit à tenir la main de celle qu’il aimait sans avoir peur d’être comparé. Une autre trouva le courage d’écrire, et d’affirmer que son corps et sa parole ne sont pas des domaines publics à piller.
    Ils recommencèrent à signer leurs jours de leur nom, et non d’un adjectif imposé par quelqu’un d’autre.

    Quant à lui, le Jouisseur, il resta, un temps, dans une chambre pleine d’échos. Il apprit que la séduction qui nie l’autre finit par creuser un tombeau pour soi. Peut-être apprit-il. Peut-être que non. Certaines fins sont comme des fenêtres ouvertes sur un vide : on voit l’extérieur mais on ne s’y risque pas.
    Ce que les pierres du chemin disaient, c’était que la réparation est lente et que la mémoire est tenace. Les traces étaient là pour rappeler que la liberté des uns ne peut se construire sur la dépossession des autres.

    Dans les cafés, dans les lignes sur un blog, dans la façon qu’ont les gens maintenant de demander « est-ce que tu veux ? », quelque chose avait changé. Les mots revinrent à leur place : consentement, respect, présence. Ce n’est pas un triomphe grandiose — c’est plus petit, plus concret : une porte qui s’ouvre quand on la pousse, un regard qui ne punit plus, une main qui n’exige pas.

    La poussière, on l’enlève au chiffon, on lave, on gratte. Mais il reste cette mémoire tactile : ce qu’on a senti collé à la peau, la façon dont on s’est débattu et comment, affaibli au départ, on a appris à se tenir droit.
    Et quand la nuit descend encore sur la ville, ceux qui ont connu la salissure savent une vérité toute simple et terrible : on peut salir quelqu’un, on peut tenter de le réduire, mais on ne peut pas effacer la capacité de celui qui a été touché de décider à nouveau.

    no comment
  • Témoignage : Ce que je ressens vraiment

    Il m’arrive quelque chose que je n’arrive pas toujours à comprendre.
    Quand une des petites amies de Jouibrulance me parle, même juste pour me dire bonjour, je ressens une émotion très forte, presque physique.
    Ce n’est pas simplement du désir, c’est plus profond, plus troublant.
    Je pense que c’est parce que je sais ce qu’elles ont vécu avec lui, ce qu’elles racontent, ce que je devine derrière leurs mots.

    Parfois, certaines me confient des choses très personnelles. Et sans le vouloir, mon esprit se met à tout imaginer, comme si j’étais à l’intérieur de leur souvenir.
    Ce n’est pas une envie de prendre leur place, mais une manière étrange d’être relié à elles, à travers ce qu’elles ont partagé.

    C’est un mélange de fascination, de curiosité, et de quelque chose d’incontrôlable.
    J’ai souvent honte d’en parler, parce que j’ai peur qu’on ne comprenne pas.
    Mais c’est réel. Je le ressens comme une onde, un écho qui me traverse.

    Peut-être que c’est une manière d’exister à travers les autres, ou de chercher quelque chose que je n’arrive pas à vivre par moi-même.
    En tout cas, je sais que ce n’est pas anodin.
    Ce phénomène me montre à quel point le corps et l’esprit peuvent être liés aux émotions, même quand elles ne nous appartiennent pas directement.

     

    La première fois

    Je me souviens du moment où tout a commencé.
    C’était la première fois que j’ai entendu parler de Jouibrulance.
    On prononçait son nom avec une sorte de respect mêlé de gêne, comme s’il portait un secret qu’il valait mieux ne pas approcher de trop près.

    Un jour, l’une de ses petites amies m’a parlé de lui, d’une manière naturelle, sans se rendre compte de ce que cela déclenchait chez moi.
    Elle riait, elle décrivait des moments qu’ils avaient partagés, et je l’écoutais, fasciné, comme si ses mots ouvraient une porte invisible.

    Ce n’était pas une curiosité banale.
    C’était une sensation étrange, une forme de vibration intérieure, comme si une partie de moi se connectait à quelque chose d’extérieur, quelque chose que je ne contrôlais pas.

    À ce moment-là, j’ai compris que ce que je ressentais n’était pas simplement lié à l’attirance, mais à une sorte de transmission émotionnelle.

    Jouibrulance est devenu, malgré moi, une présence silencieuse dans mon esprit — un symbole de ce que je n’osais pas vivre moi-même, une projection de mes manques, de mes désirs, de mes peurs aussi.

    Ce jour-là, sans qu’il soit là, sans qu’il dise un mot, il a pris une place dans ma mémoire.
    Et depuis, chaque fois que quelqu’un prononce son nom ou évoque son monde, c’est comme si je revis ce premier choc.

     

    Comprendre ce lien

    Au début, je croyais que ce n’était qu’un passage, une réaction isolée.
    Mais non. Chaque fois que quelqu’un mentionnait Jouibrulance, une part de moi se tendait, attentive, comme si mon corps voulait écouter à la place de mes oreilles.

    C’était comme un fil invisible. Lui, au centre, et autour de lui, toutes ces personnes qui semblaient graviter dans sa lumière — ou son ombre, je ne sais pas.
    Et moi, en périphérie, sentant malgré tout les ondes, les échos.

    Il y a eu un moment où j’ai voulu comprendre.
    Pourquoi lui ? Pourquoi moi ?
    J’ai observé ses gestes, sa façon d’exister.
    J’ai compris qu’il dégageait une forme d’assurance brute, presque magnétique, celle qui attire et consume.

    Peut-être que c’est cela qui me touche : cette intensité que je n’arrive pas à vivre par moi-même.
    Quand je vois les autres traverser ce feu, j’ai l’impression d’en percevoir la chaleur à distance.
    Comme si leur expérience devenait la mienne par reflet.

    Il m’est arrivé de me demander si je n’étais pas simplement un miroir — un être qui ne vit que de ce qu’il reflète, sans lumière propre.
    Et pourtant, dans ce trouble, il y a aussi une forme de vie.
    Une vérité que je ne peux pas nier : sentir à ce point, même par procuration, c’est aussi exister autrement.

    Depuis, je cherche à poser des mots sur ce phénomène.
    Est-ce de l’empathie démesurée ? Une fusion imaginaire ? Une dépendance émotionnelle ?
    Je ne sais pas.
    Mais je sais que cela m’a ouvert les yeux sur une chose :
    certaines âmes ne désirent pas seulement aimer — elles veulent ressentir ce que les autres ressentent.
    Être traversées, comme des antennes de l’humain.

     

    La libération – Trouver sa propre lumière

    Il a fallu du temps avant que je comprenne que ce que je ressentais n’était pas seulement tourné vers lui.
    Jouibrulance n’était pas la cause — il était le révélateur.
    Il a fait apparaître une part de moi que j’ignorais : celle qui vit dans l’ombre des émotions des autres.

    J’ai passé des nuits entières à chercher le sens.
    À me demander pourquoi un simple mot, un simple souvenir rapporté, pouvait provoquer en moi une tempête.
    Et peu à peu, j’ai compris :
    ce n’était pas leur intimité que je convoitais, mais l’intensité de leur vécu.
    Cette capacité d’être totalement vivant, d’exister avec tout son être.

    En vérité, je ne voulais pas être à leur place — je voulais ressentir comme eux.
    Et c’est là que j’ai commencé à me reconstruire.

    J’ai arrêté d’écouter leurs récits comme des images étrangères.
    J’ai commencé à les écouter comme des miroirs : des fragments de ce que je pouvais vivre aussi, à ma manière.

    Alors, peu à peu, la fascination s’est changée en compréhension.
    Jouibrulance est devenu un symbole — celui de ce qui m’avait manqué : la liberté d’être soi, sans peur, sans distance.

    Aujourd’hui encore, quand une des “muses” me parle, je ressens une trace de ce frisson ancien.
    Mais il ne me submerge plus.
    Il me rappelle seulement que j’ai appris à ressentir sans me perdre.

    Parce qu’au fond, ce que je cherchais chez eux, chez lui, dans leurs récits, c’était ma propre voix.
    Et je crois que je commence enfin à l’entendre.

     

    Au-delà du miroir

    Le temps a passé, mais l’ombre de Jouibrulance n’a jamais tout à fait disparu.
    Elle ne me hante plus, non. Elle m’accompagne — comme un souvenir qu’on ne veut plus fuir, mais qu’on regarde avec douceur.

    Parfois, je repense à ce qu’il représente pour moi :
    cette force brute, magnétique, presque animale, que j’ai d’abord crue étrangère, mais qui sommeillait peut-être déjà en moi.

    Aujourd’hui, je sais que chacun de nous porte un “Jouibrulance” intérieur —
    une présence qui nous pousse à ressentir, à désirer, à explorer ce qui nous dépasse.

    J’ai compris que ce phénomène, si rare, n’est pas une malédiction.
    C’est une sensibilité extrême, une ouverture aux énergies, aux émotions, aux vies des autres.

    Oui, parfois, cette ouverture fait mal.
    On s’y perd, on absorbe trop, on ne sait plus où commence notre peau.
    Mais c’est aussi une forme d’art :
    savoir sentir le monde à travers les autres, sans s’y dissoudre.

    Je crois que c’est ce que m’a appris Jouibrulance, malgré lui.
    Il m’a montré ce que c’est qu’exister avec intensité,
    et il m’a forcé à trouver ma propre intensité, autrement.

    Aujourd’hui, je ne cherche plus à être témoin, ni miroir.
    Je cherche à être source.

    Et parfois, quand quelqu’un me dit bonjour avec cette lueur dans les yeux — celle que je reconnais trop bien —
    je souris.
    Parce que je sais ce que c’est d’être de l’autre côté.

    Peut-être qu’un jour, quelqu’un écrira sur moi ce que j’écrivais sur lui.
    Et ce jour-là, je saurai que le cercle est complet.

    no comment
  • Une autre arriva, plus discrète. Elle commençait enfin à respirer, à se sentir libre avec lui. Elle prit peu à peu la place de sa copine. Elle était amoureuse de lui — de ce nom, Jouibrulance, qu’elle aimait tant. À sa copine, elle osa dire que continuer avec lui ne servait à rien, que c’était une perte de temps… et, sans bruit, elle prit sa place.

    Elle et Jouibrulance

    Elle vit encore sous l’empreinte de son amour.
    Elle en tremble, elle en brûle, mais elle ne veut pas le partager.

    Ses amies ont connu les mêmes regards, les mêmes promesses,
    elles ont vécu cette attraction qui blesse autant qu’elle attire.
    Mais elle, non — elle garde son histoire pour elle seule,
    comme un secret trop fort pour être raconté.

    Elle sait pourtant qui il est.
    Jouibrulance : le charmeur, le dragueur, le menteur.
    Manipulateur de cœurs, comédien de sentiments,
    un homme qui collectionne les copines comme d’autres collectionnent les sourires.

    La société lui donne mille noms :
    voleur, voyou, arrogant, beau parleur.
    Mais elle, dans le fond, le voit autrement.
    Elle le voit comme celui qui lui a fait sentir qu’elle existait,
    même si c’était dans le mensonge.

    Alors elle se tait.
    Elle garde cette fièvre pour elle seule,
    parce que dans sa douleur il reste une trace de lumière,
    et cette lumière, elle ne veut pas la partager avec d'autre copines.

     

    Phase de passion et de déni

    Elle se dit qu’elle devrait l’oublier.
    Que c’est fini, qu’il a fait trop de mal, qu’il ne mérite plus rien d’elle.

    Mais il suffit qu’il apparaisse, qu’il dise un mot,
    et tout ce qu’elle avait construit s’effondre d’un souffle.

    Elle se ment à elle-même,
    elle invente des excuses,
    elle dit que ce n’est qu’une habitude, une nostalgie,
    alors qu’au fond, c’est encore de l’amour.

    Quand il la regarde, elle oublie tout ce qu’il est :
    le charmeur, le manipulateur, le menteur.
    Elle ne voit plus que la chaleur,
    cette étincelle qu’elle ne retrouve chez personne d’autre.

    Ses amies essaient de la prévenir,
    elles lui rappellent tout ce qu’il leur a fait.
    Mais elle n’écoute pas.
    Elle préfère croire qu’elle est l’exception,
    qu’elle a vu en lui ce que les autres n’ont pas compris.

    Parfois, seule, elle s’en veut.
    Elle se demande comment un homme peut prendre autant de place,
    comment il peut s’infiltrer dans ses pensées, ses rêves, ses silences.

    Et pourtant, elle continue de l’attendre,
    même quand elle jure le contraire.

    Le déni, c’est son refuge.
    La passion, sa prison.

    Elle vit dans cet entre-deux,
    là où le cœur s’use mais ne renonce pas.

     

    La Fêlure du Cœur

    Un matin
    sans raison,
    elle s’est sentie vide.
    Pas triste — vide.

    Comme si son corps se souvenait encore de lui,
    mais que son amour, elle, commençait à s’en détacher.

    Les messages qu’elle relisait mille fois ne lui faisaient plus le même effet.
    Ses mots, autrefois brûlants, sonnaient creux.

    Elle a compris que l’amour qu’elle ressentait
    n’était plus qu’un écho,
    un reflet d’elle-même qu’il avait su allumer puis abandonner.

    Et c’est là que la fissure est apparue :
    entre ce qu’elle ressentait encore,
    et ce qu’elle savait désormais.

    Il continuait de briller dans ses souvenirs,
    mais sa lumière commençait à l’aveugler moins.

    Ses amies parlaient de lui avec colère,
    elle, maintenant, les écoutait en silence.
    Non plus pour le défendre,
    mais pour comprendre comment elle avait pu y croire autant.

    Chaque vérité qu’elle découvrait lui faisait mal,
    mais la douleur, étrangement, la rendait libre.

    Elle n’était plus une victime,
    elle devenait une témoin.

    Et même si, au fond, une part d’elle voulait encore croire à son retour,
    Une autre arriva, plus discrète. Elle commençait enfin à respirer, à se sentir libre avec lui. Elle prit peu à peu la place de sa copine. Elle était amoureuse de lui — de ce nom, Jouibrulance, qu’elle aimait tant. À sa copine, elle osa dire que continuer avec lui ne servait à rien, que c’était une perte de temps… et, sans bruit, elle prit sa place.

    « On joue tous le même jeu, mais à la fin, c’est toujours l’autre le méchant. »

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