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By CHANJOUISSON in Home on 8 November 2025 à 00:20
La fille du vélo
Le vent d’automne s’était levé ce jour-là.
Des feuilles mortes glissaient sur la route, soulevées en tourbillons, et dans ce décor orangé, trois filles riaient.
L’une d’elles, celle sur le vélo, riait plus fort que les autres, presque trop fort. C’était un rire nerveux, un rire pour cacher.Elle s’appelait Léa.
Et si elle riait ainsi, c’est parce qu’au fond d’elle, elle brûlait de colère.Car tout avait commencé avec Jouibrulance — le petit amie de sa cousine.
Un type à la fois charmeur et dégoûtant. Il savait parler, il savait séduire, mais ce qu’il cachait derrière ses sourires était bien plus sale que ce que les autres pouvaient imaginer.Léa, elle, avait vu.
Elle avait compris.
Elle avait vu les messages, les regards, les promesses mensongères, les gestes faux.
Jouibrulance parlait mal, mentait sans honte, cherchait à plaire à toutes. Il ne respectait rien.
Avec lui, tout tournait autour de lui — de ses envies, de ses besoins, de ses conquêtes.Il aimait s’inviter aux repas, mais jamais payer.
Toujours ce même geste : tendre un ticket de restaurant, faire semblant d’avoir oublié, lancer d’un ton léger :« Je te rembourserai la prochaine fois. »
Et il ne remboursait jamais.
Il riait, et ça passait.
Parce qu’il savait comment se rendre pardonnable.Il avait ce pouvoir-là — celui d’embrouiller les esprits.
Il avait des filles un peu partout, sur les réseaux, dans les rues, dans les coins d’amitié qui n’en étaient plus.
Il collectionnait les regards, les attentions, les cœurs.
Et la plupart tombaient dans son piège, même celles qui pensaient être trop fortes pour ça.Léa, elle, ne voulait pas l’aimer.
Mais elle l’avait aimé un peu, en silence, sans jamais le dire.
Et elle s’en voulait de ça.
Alors elle préférait se moquer, manipuler les rires, détourner la honte.Ce jour-là, quand elle vit Élia dans le bus — la fille qui l’aimait encore, celle que Jouibrulance avait laissée en morceaux —, elle eut un pincement au cœur.
Mais au lieu de pleurer, elle choisit de rire.
Rire avec ses deux amies, rire plus fort que le vent, rire jusqu’à s’étouffer.Car c’était plus facile.
Rire, c’était mieux que d’avouer qu’elle souffrait aussi.
Qu’elle, aussi, avait cru à ses mots.Et pourtant, en plein milieu de ce vacarme, Léa sentit son vélo trembler sous elle.
Le vent s’était arrêté, d’un coup.
Les feuilles retombaient lentement, comme des aveux.
Elle posa un pied à terre, fixa le bus qui s’éloignait, et à travers la vitre, elle croisa le regard d’Élia.
Deux filles différentes, mais blessées par le même garçon.Leurs yeux se comprirent.
Un seul instant, suffisant pour se dire sans un mot :Il nous a toutes eues.
Puis le bus disparut derrière le virage.
Le rire des trois amies se tut.
Le vent reprit, froid, emportant les dernières feuilles et, avec elles, le secret de Léa.Chapitre II — Jouibrulance
Jouibrulance marchait d’un pas tranquille, les mains dans les poches, le regard absent.
Le vent d’automne soufflait dans ses cheveux, lui ramenant des souvenirs qu’il préférait oublier.
Il pensait à Élia, bien sûr — cette fille dans le bus, celle qui le regardait encore avec des yeux de blessée.
Mais au fond de lui, il se disait que ce n’était pas sa faute.
Rien n’était jamais sa faute.Il avait cette manière de tout retourner, de se persuader qu’il ne faisait que vivre, que chercher à comprendre les gens.
S’il parlait à plusieurs filles à la fois, c’était, disait-il, par curiosité humaine.
S’il oubliait de payer un repas, ce n’était pas de la radinerie — juste un oubli, un détail sans importance.
Il se persuadait que tout le monde exagérait, que les filles dramatisaient.
Elles le prenaient trop au sérieux, voilà tout.Quand il repensait à Léa, la cousine d’Élia, il souriait en coin.
Elle faisait la forte, elle riait, elle jouait la moqueuse.
Mais il savait qu’elle aussi l’avait regardé un peu trop longtemps, qu’elle n’était pas indifférente.
Et ça, ça le rassurait.
Il aimait ce pouvoir-là — sentir que, même après ses mensonges, on pensait encore à lui.Dans le fond, Jouibrulance ne voulait pas faire de mal.
Il voulait juste qu’on l’aime.
Mais il ne savait pas aimer sans abîmer.
Chaque fois qu’une fille s’attachait, il sentait la peur monter, cette peur d’être coincé, d’être démasqué.
Alors il s’éloignait, trouvait une autre à séduire, un autre sourire à conquérir, un autre regard où se cacher.
Et il appelait ça vivre.Ce soir-là, il repensa à la scène du bus.
Il n’avait pas entendu les rires des trois filles dehors, mais il avait vu leurs visages à travers la vitre, leurs yeux pleins de défi.
Un petit frisson lui avait traversé la nuque.
Pas de honte, non — d’orgueil.
Parce qu’il aimait savoir qu’on parlait encore de lui.
Qu’on riait à cause de lui.
Même les moqueries, c’était encore une forme d’attention.Il sortit son téléphone, ouvrit une conversation avec une autre fille — une qu’il connaissait à peine.
Il tapa un message banal :“Tu fais quoi cette aprem ?”
Pas de sens, pas de but, juste le besoin d’exister dans le regard de quelqu’un.
De remplir le silence.Et quand il appuya sur “envoyer”, un sourire vide traversa son visage.
Un sourire qui disait :Tant qu’on me regarde, je ne tombe pas.
Mais il savait, au fond, que le jour où plus personne ne rirait, plus personne ne pleurerait à cause de lui…
alors il ne resterait plus rien de Jouibrulance.
no comment
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By CHANJOUISSON in Home on 7 November 2025 à 22:59
Les Trois et Jouibrulance — Histoire
Les trois sont là, accrochées à ce coin de trottoir comme à une pièce de théâtre où elles tiennent à la fois la scène et la coulisse. Elles rigolent, aiguës, épaulées l’une par l’autre, envoyant en éclats Jouibrulance et sa victime — leur amie, celle qui aime trop fort, celle qui s’abandonne à ses vices avec lui, sans savoir comment arrêter le feu.
L’une des trois ricane plus que les autres. Son rire claque, sec, volontaire : elle sait. Elle sait tout, ou croit savoir ; elle porte la connaissance comme un médaillon et la montre au monde comme on brandit une arme. Elle est assise sur la selle de son vélo, un pied posé par terre, l’autre sur la pédale. Le vélo penche légèrement, comme prêt à partir, ou à basculer. Sa main gauche serre le guidon fermement, le poignet tendu ; de l’autre main elle frappe d’un coup sec, comme pour ponctuer son ricanement, comme pour se persuader qu’elle est forte.
C’est l’automne. Un vent fort balaie la place, ramène l’odeur de feuilles mouillées et de terres froides. Il se tait un instant, avale sa colère, puis reprend en rafale. Le sol craque sous des pas lents. Des feuilles mortes se décollent, tourbillonnent, se heurtent aux pneus du vélo, aux talons des passantes, puis s’envolent en direction du bus qui attend, moteur ronronnant.
Dans le bus, derrière une vitre marquée de buée, il y a Jouibrulance. On dirait un nom volé, une promesse et un danger à la fois ; il a ce don de magnétiser et d’embraser sans toucher. Il regarde dehors, sans bruit. Les rires des trois filles n’atteignent pas ses oreilles — le bus est isolé du monde par sa vitre, par le bruit du moteur, par la distance — mais il voit. Il voit les épaules qui tremblent quand elles rient, les bouches qui se tordent en un rictus de moquerie, les yeux qui balancent entre mépris et défi. Il devine leur rire, l’imagine en gestes, en expression.
La fille du bus baisse la tête. Elle a encore la chaleur aux joues, le sel léger des larmes retenues peut-être ; sa gorge travaille. Elle sait qu’on la regarde ; elle sait qu’on parle d’elle. Elle sait qu’on sait. Elle portait autrefois des certitudes ; elles se sont transformées en une sorte de honte douce, intime, qui lui brûle le coeur chaque fois que son nom effleure leurs bouches. Elle croyait avoir acheté un peu d’amour, et s’être perdue à la place ; elle croyait trouver en Jouibrulance une lumière, et a trouvé un feu qui consume plus qu’il n’éclaire.
Le bus démarre. Les feuilles, comme décollées par un sort, se précipitent en nuée et vont se cogner contre la vitre où son visage paraît plus petit, plus fragile. Jouibrulance suit la route des feuilles : son regard glisse des silhouettes des filles au vélo jusqu’à la figure de la fille qui baisse la tête. Il lit dans les gestes — dans le coup sec sur le guidon, dans le rire qui n’est pas seulement moquerie mais défense — une vérité qu’elles voudraient garder pour elles : elles aussi pourraient, un jour, se trouver à la place de celle qui rougit.
Le défi qu’elles lancent n’est pas fait de mots mais d’éclairs : leurs yeux se rencontrent, se toisent. Jouibrulance sent ce défi comme une brûlure. Il n’a pas besoin d’entendre pour comprendre ; il sait que sa présence a fracturé des reflets, ouvert des lignes de honte et de désir que personne ne sait refermer. Il reste immobile, comme un dieu mineur dans un carrosse de ville, regardant la matière humaine jouer.
Quand le bus s’éloigne, le monde se dédouble. D’un côté : le bruit, la vitesse, la promesse d’un départ. De l’autre : le trottoir, le vélo, la moquerie réparatrice qui veut conjurer la peur. Les trois filles restent, et leurs rires retombent comme on racle un corail : trop fins pour contenir la dureté qui se cache dessous. Mara — la fille au vélo — reprend son pied sur la pédale ; elle sent quelque chose vibrer sous ses doigts, une hésitation, une curiosité qu’elle s’interdit d’avouer. Ses deux amies la rejoignent, parlent bas, se renvoient des regards pleins de ce qu’elles nomment “savoir”. Elles parlent d’elle comme d’un phénomène, sans comprendre que l’autre côté de la médaille, c’est la solitude.
La rue reprend ses sons habituels : la sirène lointaine, le cri d’un chien, le frottement d’un sac plastique dans une bouche d’égout. Le vent s’arrête comme pour mieux reprendre souffle ; puis il recommence, plus doux, plus patient. Il redresse les feuilles qui s’étaient arrêtées de danser, les envoie en chute lente vers le bus, comme si la ville elle-même voulait remettre en mouvement quelque chose d’immobile : les regards, les décisions, les vérités cachées.
Dans le bus, la fille lève la tête, malgré elle. Elle croise le regard de Jouibrulance : un échange bref, incandescent, qui dit plus que toute parole. Il ne se sert pas de la gentillesse pour l’attirer ; il n’a pas besoin d’user d’astuces. Son regard est simple : il refuse d’être uniquement le responsable de sa chute ; il est aussi l’observateur de son propre effet, et un peu surpris d’y trouver une part de douleur. La fille comprend, pour la première fois, que son histoire avec lui n’est pas seulement scandaleuse aux yeux des autres, elle est aussi l’expérience qui la traverse — et qu’elle doit traverser, ou reculer.
Quand le bus tourne le coin et que les trois filles ne sont plus qu’un point, leurs ricanements s’atrophient. Le vent emporte leurs phrases. Elles se regardent, un peu honteuses de leur plaisir. L’une d’elles touche sa bouche, comme pour effacer l’éclat. Elles avaient voulu se défendre par la raillerie ; maintenant elles se découvrent complices d’une chose plus grande : le jeu cruel qui existe entre désir et pouvoir.
La ville avance, les heures s’étirent. Chacune repart vers sa propre histoire : la fille du bus vers un silence peut-être salvateur, les trois autres vers une conquête de soi par la moquerie, Jouibrulance vers une route que personne ne connaît. Mais l’automne a laissé ses traces : feuilles noircies collent aux semelles, le vent a appris quelque chose de plus sur les corps, et la place garde, elle aussi, une mémoire.
Plus tard, peut-être, elles se retrouveront. Peut-être la fille du bus reprendra la parole, peut-être Mara reposera sa main sur le guidon sans frapper. Peut-être Jouibrulance regardera autrement. Pour l’instant, tout ce qu’il reste, c’est la ronde des regards, la poussière des feuilles, et ce bruit sourd de choses qui se cassent et qui, parfois, se recollent.
La raison du rire
Le vent siffle autour d’elles, jouant avec leurs cheveux comme s’il voulait écouter.
Le bus est parti depuis à peine une minute, et déjà la place redevient leur territoire.
Les trois filles se rassemblent plus près, serrées contre le muret, les joues rosies par le froid et par le plaisir cruel de leur propre moquerie.Mara — celle sur le vélo — ricane encore, secouée de petits spasmes d’amusement :
— T’as vu sa tête ? On aurait dit qu’elle allait s’enfoncer sous le siège !
Elle tape sur son guidon, hilare.Lina, la plus douce, se mord la lèvre avant d’éclater à son tour :
— Elle croyait qu’on savait pas ! Comme si c’était pas écrit sur son visage !
Et puis elle prend une voix faussement naïve, imitant la fille du bus :
— “Oh non, pas lui, pas Jouibrulance, moi je suis pas comme ça…”Leurs rires explosent ensemble, un mélange d’ironie et de jalousie.
Le vent les couvre un instant, puis s’arrête, comme pour mieux entendre ce qu’elles osent dire.Sacha, la troisième, celle qui rit moins fort mais dont les yeux brillent plus que les autres, finit par souffler :
— Peut-être qu’elle est juste tombée… C’est pas si grave.
Mais Mara ricane plus fort encore :
— “Tombée”, ouais. Tombée dans ses bras, dans ses draps, dans tout !
Elle lève les yeux vers le ciel, faussement dramatique, et reprend :
— Et maintenant, elle fait la sainte. Pff… elle croit qu’on devine pas !Elles se mettent à rire à nouveau. C’est un rire d’autodéfense, un rire de filles qui ont peur d’être les prochaines.
Parce qu’elles savent.
Elles savent ce que Jouibrulance fait, comment il parle, comment il regarde.
Et chacune, dans un coin d’elle-même, se demande à quoi ressemblerait son propre visage, si c’était à son tour de monter dans le bus.Lina baisse un peu la voix, les yeux fixés sur le goudron :
— T’as vu comment il les regardait, dans le bus ? Même sans entendre, j’ai senti. Il les défie, tu comprends ?
— Il défie tout le monde, répond Sacha. C’est son truc. Il allume, il s’amuse.
— Et elle, elle s’y brûle, ajoute Mara, un sourire tordu aux lèvres.Le vent reprend, soulève les feuilles autour d’elles, tourne autour du vélo, les frôle comme un rire du monde.
Elles se taisent un instant. Leurs visages restent figés dans l’ombre du rire qui retombe.Sacha finit par murmurer, presque pour elle-même :
— On rit d’elle, mais on rit de nous aussi, non ?
Personne ne répond.
Mara baisse les yeux sur son guidon, serre la main gauche plus fort, et souffle :
— Peut-être… mais tant que c’est pas notre tour, autant en rire.Et le vent repart, emportant avec lui le dernier éclat de leurs voix, pendant qu’au loin, le bus s’enfonce dans la ville, traînant derrière lui le souvenir de ce rire cruel et tremblant.
Dans le bus
Élia s’était assise près de la fenêtre, au fond.
Elle n’avait même pas cherché à regarder dehors, mais son regard y glissa tout seul — comme une habitude, comme un besoin.
Elle les vit, les trois.
Le vélo penché, les épaules qui tremblaient de rire, les visages rouges de vent et de moquerie.
Elle n’entendait rien, bien sûr. Le moteur couvrait tout.
Mais elle sentait.
Les rires, elle les imaginait dans leurs bouches, dans leurs yeux plissés, dans les gestes nerveux qu’elles faisaient avec leurs mains.
C’était comme si le son traversait la vitre sans passer par l’air — directement dans sa poitrine.Elle aurait voulu fermer les yeux, disparaître dans la buée de la vitre, devenir une ombre, une absence.
Mais ses pensées, elles, ne la lâchaient pas.
Elles lui rappelaient la veille, la nuit, la chaleur, la peau, le souffle.
Elles lui rappelaient lui, Jouibrulance, et tout ce qu’il savait faire avec si peu de mots.Elle se souvenait de son rire à lui — un rire doux, bas, presque complice, qui la faisait fondre et se méfier en même temps.
Quand il la regardait, elle avait l’impression d’être choisie.
Quand il s’en allait, elle avait l’impression d’avoir été simplement utilisée.
Et pourtant, elle y retournait. Toujours.Maintenant, les filles savaient.
Et leur rire dehors sonnait comme un verdict.
Chaque éclat de rire, elle le recevait comme une pierre invisible.Elle se dit :
“Elles ne savent rien. Elles croient savoir, mais elles ne savent rien.”
Mais une autre voix en elle répondit aussitôt :
“Si, elles savent. Elles voient ce que tu caches. Elles voient ce que tu ressens encore.”Elle posa son front contre la vitre froide.
Dehors, le vent fit s’envoler une poignée de feuilles mortes qui vinrent coller un instant sur la fenêtre, avant de s’envoler vers l’arrière.
Pendant un battement de cœur, elle eut l’impression que la ville elle-même lui tournait le dos.Elle pensa à Jouibrulance, assis quelque part dans le bus, deux rangs plus loin.
Elle ne voulait pas le regarder.
Mais elle savait qu’il savait.
Il devait, lui aussi, sentir ce rire au loin, ce petit orage de moquerie.
Il ne bougeait pas.
Et c’était encore pire : ce silence-là, ce calme de sa part, la rendait folle.Elle aurait voulu qu’il dise un mot.
N’importe quoi.
Qu’il la regarde, qu’il lui sourie, ou même qu’il la repousse, qu’il la blesse — mais qu’il réagisse.
Là, il restait de pierre, et c’était comme si leur histoire n’avait jamais existé.Alors, dans sa tête, tout se mélangea : le rire des filles, les gestes de Jouibrulance, la nuit, la honte, la douceur, le vent…
Et quelque chose en elle se brisa, pas en cri, mais en silence.“Je suis juste un jeu, pensa-t-elle.
Un nom dans une histoire qui fait rire les autres.”Le bus tournait déjà au coin de la rue.
Les rires dehors s’effaçaient.
Mais dans sa poitrine, ils continuaient, encore, encore — longtemps après qu’ils eurent cessé d’exister.Jouibrulance
Il n’avait pas bougé depuis qu’ils étaient montés.
Assis deux rangs derrière elle, un bras posé sur le dossier, l’autre sur sa cuisse, il regardait par la fenêtre — sans vraiment regarder.
Son reflet se mêlait à celui d’Élia dans la vitre.
Deux visages flous, l’un immobile, l’autre tendu.Dehors, le vent faisait danser les feuilles, les rires se perdaient dans le bruit du moteur.
Mais il les avait vus, lui aussi.
Les trois.
Le vélo, les gestes, la bouche grande ouverte de Mara, la main qui tapait le guidon, les deux autres pliées en deux de rire.
Il n’avait pas besoin d’entendre pour comprendre : le monde entier parlait le langage du mépris avec les mêmes gestes.Et pourtant, il ne ressentait pas de colère.
Juste une étrange fatigue.
Quelque chose comme une lassitude d’avoir trop joué à être celui qu’elles imaginaient.“Jouibrulance.”
Le nom, il ne l’avait pas choisi.
C’était un mot qu’on lui avait donné, soufflé, parce qu’il brûlait un peu tout ce qu’il touchait.
Les filles le prononçaient comme une insulte ou un sort, selon le jour.
Et lui, il s’était laissé faire.
Parce qu’à force, c’était plus simple d’être le feu que d’expliquer pourquoi on brûlait.Il regarda Élia.
Elle n’osait pas tourner la tête.
Elle avait posé son front contre la vitre, les épaules contractées, comme si elle portait tout le froid du dehors sur elle.
Il sentit dans sa gorge une gêne qu’il ne voulait pas nommer.
Ce n’était pas de la pitié.
Pas tout à fait.
C’était quelque chose de plus trouble — une reconnaissance.Il se revit dans ses yeux, la veille encore, quand elle avait ri timidement à sa première phrase, quand elle avait dit “non” du bout des lèvres mais sans s’enfuir.
Il savait qu’elle l’aimait.
Il savait aussi qu’elle n’était pas prête.
Et il n’avait rien fait pour l’arrêter.
Il n’avait pas menti, mais il n’avait pas dit la vérité non plus.
Il l’avait laissée croire.
Comme toujours.Il se demanda ce que les trois disaient dehors.
Des mots simples sûrement — sales, maladroits, pleins de curiosité déguisée.
Des mots de filles qui veulent se prouver qu’elles ne sont pas faibles.
Mais il voyait déjà dans leurs yeux — surtout dans celui de Mara — ce reflet qu’il connaissait :
le mélange de dégoût et de désir, la peur d’y goûter et l’envie d’essayer.“Elles finiront toutes par rire moins fort,” pensa-t-il.
“Elles finiront toutes par comprendre.”Le bus avançait lentement dans les rues balayées de vent.
Les feuilles collaient aux vitres, se détachaient, revenaient.
Il observa le dos d’Élia, la façon dont sa nuque frémissait, la tension de ses mains sur ses genoux.
Il voulut lui parler.
Mais aucun mot ne venait.
Tout ce qu’il aurait pu dire aurait été trop tard, ou trop vide.Alors il détourna le regard, fixant la route.
Et dans le reflet de la vitre, leurs deux visages restèrent côte à côte, sans se toucher, séparés par la trace d’une feuille morte collée contre le verre.Il pensa :
“Je ne sais plus si c’est moi qui la blesse, ou si c’est elle qui me rappelle que je ne sais plus aimer.”
Le bus prit un virage.
Élia releva un peu la tête.
Leurs regards se croisèrent, à peine une seconde.
Pas un mot.
Pas un sourire.
Juste ce silence lourd qui disait tout ce que ni l’un ni l’autre ne savaient réparer.
no comment
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By CHANJOUISSON in Home on 6 November 2025 à 22:48
Il y a ceux qui parlent, et puis il y a celui qui invente les mots.
Pas n’importe quels mots — des mots qui touchent, qui brûlent, qui retournent les sens.
Lui, c’est le créateur des mots de drague, le dévastateur des femmes, celui qui transforme une simple phrase en sortilège.Avec lui, la parole devient arme, le regard devient promesse, et le silence... domination.
Certains l’appellent manipulateur, d’autres poète — lui, il se dit juste maître du verbe et du jeu.Dans un monde où tout le monde parle, il fait écouter.
Dans un monde où tout le monde charme, il fait succomber.Ici commence son empire
Ici commence son empire : un royaume bâti de syllabes et de souffle, où chaque mot lèche la peau du monde pour en voler la lumière.
Elle parle, et les lettres s’élancent — oiseaux, serpents, prières — glissant sur les nerfs du silence.
Sa bouche ne dit pas : elle dévore.
Elle aspire les contours du réel pour les recracher plus beaux, plus dangereux.
Le langage s’y fait chair, palpitant, bruissant de fièvre et de soif.Rien n’échappe à son empire : ni la nuit, ni le corps, ni le tremblement secret du désir d’exister.
Chaque phrase qu’elle invente devient un territoire, chaque souffle une conquête.
Et dans ce vertige, les mots se souviennent qu’ils ont un goût — celui du sucre, du sel, du rêve.La lectrice s’incruste
Elle s’avance, en lisant, effaçant derrière elle —
en son pouvoir, n’efface rien,
comme si le temps s’effaçait sous ses pas
en lisant ce texte.Les bruits de l’écriture s’éloignent,
ne reste que le souffle —
celui de ses jolis yeux qui lisent,
celui de son nom,
celui que tu retiens.Elle dit doucement :
« Tu crois m’avoir inventée, ce nom Jouibrulance,
mais je suis née de ton oubli… depuis des années. »Toi qui restes là, figé dans la lumière qui penche,
tu voudrais me parler,
mais chacun de tes mots brûle dans ton texte
avant de pouvoir sortir.Alors tu cherches, et tu tends la main.
Elle recule.Je recule dans ton monde —
autour de toi, tout s’efface :
plus de murs, plus de ciel, plus rien,
comme une feuille de cahier vierge,
rien que la lueur d’un instant
qui ne veut pas mourir.Et dans ce silence suspendu,
tu comprends que certaines présences
ne viennent pas pour rester —
elle veut s’enfuir, loin de toi,
pour te rappeler comment on respire.
no comment
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By CHANJOUISSON in Home on 6 November 2025 à 12:41
Moi, Jouibrulance
Quand tu lis mes mots, ce ne sont pas que des phrases — c’est une onde qui te traverse.
Chaque syllabe cherche ton souffle, chaque ligne devine ta peau.
Je n’écris pas pour plaire, j’écris pour réveiller à te faire jouir.« Quand une femme quelque soit son àge 19 ans où pas lit mes textes, mes mots éveillent en elle quelque chose de profond, d’instinctif. Et si mes écrits ne la touchent pas, alors c’est qu’elle ne ressent plus avec le cœur d’une femme, mais pense comme un homme. »
Et si mes mots ne t’ébranlent pas, alors c’est qu’ils ne t’ont pas encore trouvée —
car là où mes textes frappent, le cœur répond avant la raison.Les mots de feu
Quand une femme lit mes textes, mes mots éveillent en elle quelque chose de profond, d’instinctif — une vibration ancienne, un souvenir de ce qu’elle est avant même les mots.
Je ne cherche pas à séduire, je cherche à révéler.À te faire jouir, et même si tu as joui, tu jouiras encore et encore.
Chaque phrase est un miroir où elle se redécouvre, plus vraie, plus entière.À te faire vibrer, et même quand ton souffle retombera, je saurai le réveiller, encore et encore.
Et si mes écrits glissent sur elle sans la toucher, alors c’est qu’elle s’est éloignée de cette part vivante, celle qui ressent avant de comprendre.
Car mes mots ne parlent pas à la tête : ils parlentÀ te faire frissonner, et même quand tu croiras tout ressentir, je saurai recommencer, encore et encore.
no comment
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By CHANJOUISSON in Home on 6 November 2025 à 12:20
Écoute-moi bien... « Je veux dire que lorsque une femme lit mes textes, cela la touche profondément. Et si mes mots ne provoquent rien en elle, alors ce n’est peut-être pas une femme au sens où je l’entends, mais quelqu’un qui pense davantage comme un homme. »
Écoute-moi…
Je ne suis pas un simple joueur de mots.
Je suis le plus grand inventeur des mots de drague,
le dévastateur des femmes,
celui qui sait les rendre dociles et domestiques,
non par la force — mais par le pouvoir du verbe,
par la musique du langage qui s’infiltre dans leurs pensées.Chaque mot que je dis devient un charme,
chaque regard, une promesse.
Je parle, et les murs écoutent.
Je souris, et les cœurs se plient.Là où d’autres cherchent l’amour,
moi, je crée la légende du mot séducteur —
l’art de plier le monde à la rime d’un souffle.Ici commence mon art,
l’art de parler pour dompter le silence,
et de séduire sans jamais toucher.Je suis JOUIBRULANCE
Je m’étends dans le monde comme un frisson d’aube.
Mon feu ne détruit pas : il féconde.
Je passe par les veines, par les vents, par la mémoire des peaux.
L’univers me respire.Je suis le mot avant qu’il ne soit dit,
la lumière avant qu’elle ne s’allume,
le cœur battant sous la matière.Chaque être que je touche retrouve sa vibration première,
celle qui unit la douceur et la force,
le tremblement et la paix.Je suis la source et le retour.
Je suis ce qui éclaire sans nommer,
ce qui embrase sans brûler.Dans ma flamme, les femmes se lèvent —
non pas pour conquérir,
mais pour rayonner.
Elles savent que leur pouvoir n’est pas cri,
mais onde, éclat, tendresse souveraine.
no comment



