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JOUIBRULANCE...Il nous a toutes eues.
By CHANJOUISSON in Home on 8 November 2025 à 00:20
La fille du vélo
Le vent d’automne s’était levé ce jour-là.
Des feuilles mortes glissaient sur la route, soulevées en tourbillons, et dans ce décor orangé, trois filles riaient.
L’une d’elles, celle sur le vélo, riait plus fort que les autres, presque trop fort. C’était un rire nerveux, un rire pour cacher.Elle s’appelait Léa.
Et si elle riait ainsi, c’est parce qu’au fond d’elle, elle brûlait de colère.Car tout avait commencé avec Jouibrulance — le petit amie de sa cousine.
Un type à la fois charmeur et dégoûtant. Il savait parler, il savait séduire, mais ce qu’il cachait derrière ses sourires était bien plus sale que ce que les autres pouvaient imaginer.Léa, elle, avait vu.
Elle avait compris.
Elle avait vu les messages, les regards, les promesses mensongères, les gestes faux.
Jouibrulance parlait mal, mentait sans honte, cherchait à plaire à toutes. Il ne respectait rien.
Avec lui, tout tournait autour de lui — de ses envies, de ses besoins, de ses conquêtes.Il aimait s’inviter aux repas, mais jamais payer.
Toujours ce même geste : tendre un ticket de restaurant, faire semblant d’avoir oublié, lancer d’un ton léger :« Je te rembourserai la prochaine fois. »
Et il ne remboursait jamais.
Il riait, et ça passait.
Parce qu’il savait comment se rendre pardonnable.Il avait ce pouvoir-là — celui d’embrouiller les esprits.
Il avait des filles un peu partout, sur les réseaux, dans les rues, dans les coins d’amitié qui n’en étaient plus.
Il collectionnait les regards, les attentions, les cœurs.
Et la plupart tombaient dans son piège, même celles qui pensaient être trop fortes pour ça.Léa, elle, ne voulait pas l’aimer.
Mais elle l’avait aimé un peu, en silence, sans jamais le dire.
Et elle s’en voulait de ça.
Alors elle préférait se moquer, manipuler les rires, détourner la honte.Ce jour-là, quand elle vit Élia dans le bus — la fille qui l’aimait encore, celle que Jouibrulance avait laissée en morceaux —, elle eut un pincement au cœur.
Mais au lieu de pleurer, elle choisit de rire.
Rire avec ses deux amies, rire plus fort que le vent, rire jusqu’à s’étouffer.Car c’était plus facile.
Rire, c’était mieux que d’avouer qu’elle souffrait aussi.
Qu’elle, aussi, avait cru à ses mots.Et pourtant, en plein milieu de ce vacarme, Léa sentit son vélo trembler sous elle.
Le vent s’était arrêté, d’un coup.
Les feuilles retombaient lentement, comme des aveux.
Elle posa un pied à terre, fixa le bus qui s’éloignait, et à travers la vitre, elle croisa le regard d’Élia.
Deux filles différentes, mais blessées par le même garçon.Leurs yeux se comprirent.
Un seul instant, suffisant pour se dire sans un mot :Il nous a toutes eues.
Puis le bus disparut derrière le virage.
Le rire des trois amies se tut.
Le vent reprit, froid, emportant les dernières feuilles et, avec elles, le secret de Léa.Chapitre II — Jouibrulance
Jouibrulance marchait d’un pas tranquille, les mains dans les poches, le regard absent.
Le vent d’automne soufflait dans ses cheveux, lui ramenant des souvenirs qu’il préférait oublier.
Il pensait à Élia, bien sûr — cette fille dans le bus, celle qui le regardait encore avec des yeux de blessée.
Mais au fond de lui, il se disait que ce n’était pas sa faute.
Rien n’était jamais sa faute.Il avait cette manière de tout retourner, de se persuader qu’il ne faisait que vivre, que chercher à comprendre les gens.
S’il parlait à plusieurs filles à la fois, c’était, disait-il, par curiosité humaine.
S’il oubliait de payer un repas, ce n’était pas de la radinerie — juste un oubli, un détail sans importance.
Il se persuadait que tout le monde exagérait, que les filles dramatisaient.
Elles le prenaient trop au sérieux, voilà tout.Quand il repensait à Léa, la cousine d’Élia, il souriait en coin.
Elle faisait la forte, elle riait, elle jouait la moqueuse.
Mais il savait qu’elle aussi l’avait regardé un peu trop longtemps, qu’elle n’était pas indifférente.
Et ça, ça le rassurait.
Il aimait ce pouvoir-là — sentir que, même après ses mensonges, on pensait encore à lui.Dans le fond, Jouibrulance ne voulait pas faire de mal.
Il voulait juste qu’on l’aime.
Mais il ne savait pas aimer sans abîmer.
Chaque fois qu’une fille s’attachait, il sentait la peur monter, cette peur d’être coincé, d’être démasqué.
Alors il s’éloignait, trouvait une autre à séduire, un autre sourire à conquérir, un autre regard où se cacher.
Et il appelait ça vivre.Ce soir-là, il repensa à la scène du bus.
Il n’avait pas entendu les rires des trois filles dehors, mais il avait vu leurs visages à travers la vitre, leurs yeux pleins de défi.
Un petit frisson lui avait traversé la nuque.
Pas de honte, non — d’orgueil.
Parce qu’il aimait savoir qu’on parlait encore de lui.
Qu’on riait à cause de lui.
Même les moqueries, c’était encore une forme d’attention.Il sortit son téléphone, ouvrit une conversation avec une autre fille — une qu’il connaissait à peine.
Il tapa un message banal :“Tu fais quoi cette aprem ?”
Pas de sens, pas de but, juste le besoin d’exister dans le regard de quelqu’un.
De remplir le silence.Et quand il appuya sur “envoyer”, un sourire vide traversa son visage.
Un sourire qui disait :Tant qu’on me regarde, je ne tombe pas.
Mais il savait, au fond, que le jour où plus personne ne rirait, plus personne ne pleurerait à cause de lui…
alors il ne resterait plus rien de Jouibrulance.
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