• Sur le miroir

    Sous les regards, ils dansent

     

    Sous les regards, ils dansent.
    Elle et Jouibrulance.

    Personne ne sait vraiment quand cette complicité a commencé.
    Peut-être un soir d’été, peut-être un jour d’ennui,
    quand leurs regards se sont accrochés un peu plus longtemps que d’habitude.
    Depuis, entre eux, tout est question de rythme :
    un mot, un silence, un geste à peine esquissé.

    Ce soir-là, le salon de la maison de mes parents brillait d’une lumière tamisée.
    Le lieu-dit privé, comme ils l’appelaient entre père et mère, vibrait chez eux d’une musique lente et enveloppante.
    L’air lui-même semblait participer à cette danse invisible : des souffles, des pas, des murmures.

    Jouibrulance s’approcha d’elle, sans mot.
    Son sourire était celui qu’elle connaissait bien — un mélange de confiance et de légèreté.
    Elle n’eut pas besoin de parler : leurs mains se frôlèrent, puis se trouvèrent.

    Le geste fut simple, presque naturel.
    Elle la guida vers le centre du salon.
    Autour d’eux, les lumières se reflétaient sur les murs, dessinant des halos dorés qui semblaient retenir le temps.

     

    Elle se tourna, lentement, se cambra comme pour s’arracher au temps, penchée vers le sol, recueillant l’éclat fragile d’un souvenir précieux dont elle voulait retrouver le parfum.
    Son dos effleura une main, la lumière dorée de jouibrulance dessinant une courbe fragile.
    Ce geste, ce silence du corps, offre à l’esprit la pensée brève d’un instant qui s’efface aussitôt.

    Elle crut qu’elle allait partir, emportée par la direction de jouibrulance qui la faisait basculer — vers ce côté du regard, celui du portrait familial, où les parents semblent, à la fin, nous observer à leur tour.

    Mais elle resta là.

    Mais elle demeura là, les yeux fixés sur le portrait de ses parents — eux qui, silencieusement, semblaient lui dire : « Pas ici, pas dans cette maison où l’amour doit rester pur. »
    Son corps semblait encore parler, comme si la musique des mots des parents continuait d’entrer dans sa tête, en elle seule. Car son envie était plus forte qu’elle.
    Elle ne bougea pas, la regardant dans ce demi-contre-jour où chaque ligne, chaque respiration devenait souvenir.

    Elle ne disait rien.
    Elle savait qu’un mot briserait tout : la magie, l’équilibre, cette frontière ténue entre la raison et le vertige.

    Alors elle ferma les yeux.
    Un souffle.
    Un battement.

    Et le monde reprit lentement son cours.

    La main, plate sur son dos, fit frémir l’air ; elle entendit la ceinture de jouibrulance se dénuder, comme un souffle qui se défait.

    Sa main, plate sur son dos, fit naître un frisson. Dans ce souffle suspendu, quelque chose se délia — un murmure de jouibrulance dans l’air.

    Tu vas aimer ça », dit-il, d’une voix qui ne lui convenait pas — une voix mûre, chargée d’une force étrangère.

    Jouibrulance a craché, et je l’ai senti, ce chaud de salive, glisser entre mes deux pommes fessier.

    Glisser entre deux, il entra tout doucement, chauffant le rythme, et la cadence prit vie rapidement.
    Leurs corps se rapprochèrent, non par devant mais par derrière, non pas en pas, mais par désir, celui qui se met en mouvement par l’écoute de derrière.
    cette écoute silencieuse que seule la danse permet.
    Chaque pas devenait un mot, chaque frôlement une phrase,
    chaque respiration un aveu discret.

    Elle sentit le monde s’éloigner sous le regard de ses parents, car il y avait d’autres invités. Mais elle pensait à autre chose.
    Les autres invités, c’étaient ses copines, celles qui connaissaient Joüibrulance. Leurs rires, leurs voix… tout se fondait dans un décor flou.
    Elle leur disait souvent : “Moi, avec lui ? Jamais.” Et pourtant, elle était là, avec lui.
    Elle était là, complètement, au risque de tromper toutes — ses amies, ses copines, ses camarades, etc.
    Il ne restait plus que lui, avec elle : son souffle, sa main, son regard.

    Elle prend tout, sans se soucier de ce qu’elle prend.
    Elle se sent seule, prise par les hanches.

    Puis la cadence se déchaînait avec rudesse, tandis que je mettais mes mains derrière le canapé, qui se mit à bouger d’une manière féroce.

    Puis la cadence de mes seins s’emballa, le monde se mit à trembler autour d’eux, comme si même le silence retenait son souffle.

    Il disait peu — parfois mon prénom, parfois le sien, comme si nos noms suffisaient à tout dire.
    murmuré entre deux mesures, comme une note perdue dans la musique.

    Mais elle ne bougea pas. Ses yeux restèrent suspendus au portrait de ses parents, qui, dans leur silence peint, murmuraient : « Non, pas dans notre foyer aimant. »

    Elle est venue en silence, celle qui respirait mieux à ses côtés.
    Elle s’est glissée dans la vie qu’une autre rêvait encore.
    Amoureuse de lui, de son nom, de son souffle — Jouibrulance.
    À l’amie, elle dit que tout cela n’était qu’une perte de temps…
    Puis elle a pris sa place. Elle fixe le grand miroir rectangulaire, suspendu derrière les portraits de sa mère, de son père, de sa petite sœur et de Camiche, le chien. Un cri d’émotion lui échappe, et elle ouvre la bouche pour dire :« Moi, je te vois. Pas comme eux. Je vois ce que tu ressens, ce que tu retiens. Et je t’aime pour ça. »

    Elle regarde le miroir, le souffle coupé. Dans son reflet, elle croit voir ses yeux à lui — ce regard qui ne demande rien, mais qui porte tout.
    Elle pense à lui, à ce garçon que personne ne comprend.
    Les autres rient, le jugent, le provoquent, comme s’ils avaient peur de sa lumière.
    Elles disent qu’il est trop sûr de lui, trop bon, trop tout.
    Mais elle, elle sait que c’est faux.
    Elle voit le vide qu’il cache derrière son sourire, les silences qu’il avale quand les mots se brisent dans sa gorge.
    Et là, devant le miroir, elle murmure : Jouibrulance tu es venue en silence car je suis celle qui respirait mieux à tes côtés.
    Je me suis glissée dans la vie qu’une autre rêvait encore.
    Amoureuse de lui, de son nom, de son souffle — Jouibrulance.
    À mon amie, j’ai dit que tout cela n’était qu’une perte de temps…
    Puis j’ai pris sa place.

    Elle ferme les yeux dans l’élan de l’amour, se parle en silence, craignant d’altérer la pureté de sa jouissance. Aaahhh… que c’est bon avec lui.
    Et toi, mon amie, toi qui m’avais caché son talent — toi qui nous disais à toutes que lui, c’était de la merde…
    Tu mentais.
    Tu savais.
    Et moi, maintenant, je sais aussi

    Oui… je sais maintenant.
    Ce que tu voulais garder pour toi.
    Ce feu qui brûle sans bruit, ce souffle qui tremble quand il te touche.
    Tu disais qu’il ne valait rien — mais c’est toi qui mentais pour le protéger, ou pour me l’interdire ?
    Moi, je l’ai vu autrement.
    Je l’ai senti vivre entre mes fesses, lui qui me parle sans un mots, et comprendre sans questions.
    Et depuis, tout est en moi  car tes mots s’est inversé : ta voix me dégoûte, la sienne me hante.
    Tu crois encore que c’est toi qu’il regarde, mais c’est mon nom qu’il respire.

    Elle se tourna, lentement, comme pour s’échapper du moment.
    Son dos effleura la lumière dorée, ses épaules dessinant une courbe fragile.
    Un instant, il crut qu’elle allait partir pour de bon — que la danse se terminerait ainsi, avec ce geste, ce retrait silencieux.

    Mais elle resta là. Elle ouvrit les yeux dans l’élan de l’amour et murmura pour elle seule, craignant d’altérer la vérité fragile de ce qu’elle ressentait. Car en elle, le mensonge n’était pas un refus, mais une lutte intime, un miroir où se heurtent la sincérité et le désir.
    Son corps semblait encore parler, comme si la musique continuait en elle seule.
    Il ne bougea pas, la regardant dans ce demi-contrejour où chaque ligne, chaque respiration devenait souvenir en ce miroir qui ne disait rien.

    Elle ne disait rien.
    Elle savait qu’un mot briserait tout : la magie, l’équilibre, cette frontière ténue entre la raison et le vertige.

    Alors elle ferma les yeux.
    Un souffle.
    Un battement.

    Et le monde reprit lentement son cours.


    Elle se laissait guider, consciente de cette proximité,
    de la chaleur qui passait entre eux.
    Tout restait pudique, mais l’air semblait chargé d’une émotion qu’ils n’osaient pas nommer.

    Elle songeait. Au loin, une amie les observait, le sourire aux lèvres, comme si elle les voyait vraiment — tous deux, ensemble, peut-être.
    Ou peut-être tentait-elle de comprendre ce qui se jouait sous ses yeux :
    cette amitié fragile qui, l’espace d’une danse,
    prenait des allures de promesse.

    La cadence s’intensifia, puis ralentit —
    une vague qui vient mourir sur le rivage.
    Leurs regards se croisèrent.
    Trop longtemps.
    Trop profondément.

    Et soudain, tout s’éteignit.

    La musique corporelle cessa, et la conversation reprit — comme pour dire que la lumière, soudain, se fit plus crue.
    Ils se détachèrent, un peu maladroits, comme s’ils sortaient d’un rêve qu’ils n’auraient pas dû partager avec moi.

    Jouibrulance retira son engin et l’éloigna. Là, il ne devait pas être sur mon dos.
    Il s’éloigna, sur les portraits familiaux, et salit ce miroir d’en faire sa signature — un sourire au coin des lèvres, sans se soucier de sa saleté.
    Lui resta là, seul, le cœur battant encore contre le souvenir de cette danse.

    Autour d’eux, tout redevenait normal.
    Et pourtant — rien ne l’était tout à fait.

    Car parfois, il suffit d’une danse,
    d’un regard, d’un battement de cœur…
    pour que l’amitié glisse au bord d’autre chose,
    de ce trouble qu’on n’ose pas nommer.

  • Comments

    No comments yet

    Follow this article's comments RSS feed


    Vous devez être connecté pour commenter