• On dirait un crew TikTok, les Grillz Queens !

    On dirait un crew TikTok, les Grillz Queens !

    "La Soirée des Miroirs"

    Il fallait bien que ça explose un jour.

    Depuis leur arrivée, les Grillz Queens n’avaient cessé d’enchaîner les provocations lumineuses dans ce vieux bloc en béton. Et si beaucoup s’étaient laissés contaminer par leur énergie, il y avait un groupe qui résistait encore.

    Appartement 1A :
    Les Originals.

    Trois locataires historiques, jamais vus ensemble en public. Toujours habillés en noir, toujours à moitié dans l’ombre. On disait qu’ils avaient signé le bail avec l’ancien proprio… et qu’ils détenaient les archives de la Porcherie — avant qu’elle devienne un terrain de jeu libertin.

    Un soir, ils ont glissé un message sous la porte des Queens.

    “Trop de lumière, trop de bruit.
    Vous avez oublié la règle première de cette maison :
    L’ombre protège ceux qui osent.
    Choisissez votre camp avant minuit.”

    Lya a lu ça en mâchant son chewing-gum à la menthe, lunettes miroir sur le nez.

    — Elles pensent nous faire peur avec du théâtre gothique ? On va leur montrer c’est quoi l’ombre… quand elle devient miroir.


    23h47 :

    La Soirée des Miroirs commence.

    Chaque étage s’illumine. Pas avec des ampoules. Avec des corps.

    Les Queens ont décoré chaque palier avec des panneaux réfléchissants, des projections de leurs clips remixés, des lasers rose fluo, et surtout : un gigantesque miroir circulaire suspendu dans la cage d’escalier.

    Les invités arrivent costumés, maquillés, déshabillés, libérés. Une drag queen déguisée en Minotaure électro. Un couple de septuagénaires BDSM, totalement glitter. Un danseur en burqa holographique.

    Chaque regard devient un reflet. Chaque reflet, une revendication.

    Sanaa, perchée sur un tabouret, mixe un son expérimental mêlant percussions gnawa, basses reggaeton et samples de discours féministes. Jade danse au ralenti, enveloppée dans une combinaison en vinyle miroir qui reflète tout sauf elle. Lana note des punchlines sur son bras avec un feutre :

    "Se refléter, c’est se révolter."
    "AAAaaaaaaaaahhh!!! saloooooooooooope!!!!...On n’est pas là pour briller à travers vous. On est là pour vous éblouir."

    On dirait un crew TikTok, les Grillz Queens !


    Minuit pile.

    Les Originals descendent.
    Silence. Trois silhouettes en capes sombres. On dirait une secte. Elles observent. Jaugent. Puis… l’une d’elles retire sa capuche.

    C’est la doyenne. On croyait qu’elle ne sortait plus depuis 2008.

    — Je n’ai jamais vu la Porcherie aussi vivante, dit-elle d’un ton rauque.

    Un souffle parcourt le hall.
    Puis elle sourit.
    Ses dents brillent. Des grillz.

    — Laissez-moi danser. J’ai toujours été une Queen, moi aussi.

    Explosion de cris, de musique, de lumière.


    Fin de l’épisode.

    Mais ce n’est que le début.

    La Porcherie n’était plus un simple immeuble d’échangistes en rupture de normalité.
    C’était devenu un bastion queer, un centre de création virale, un manifeste vivant.

    Et au sommet du bâtiment, sur le balcon du 3B, les Grillz Queens levaient leur verre.

     

    — On vous avait dit : on ne vient pas habiter. On vient régner.

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