-
Dans le silence de vos noms
By CHANJOUISSON in Home on 5 November 2025 à 23:39Vide, encore lui:
Vide.
Encore lui.
Toujours ce goût d’ombre quand il part, ce silence qui s’installe dans le creux des mots.Il aime derrière le dos des gens.
Comme s’il craignait la lumière.
Comme si aimer franchement, au grand jour, était un crime trop grand pour lui.Il laisse des traces, des sourires, des gestes appris.
Mais tout son cœur, il le cache.
Et moi, je marche dedans comme dans un rêve fissuré,
où la chaleur du souvenir me brûle encore les doigts.Je l’ai cru plein.
Il n’était que brume.
Je l’ai cru mien.
Il n’était qu’écho.Et pourtant…
Dans ce vide, il y a encore sa forme, son souffle, sa manière d’exister sans oser.
Je le hais un peu, mais je le cherche encore —
dans la nuit, dans la foule, dans le murmure des choses qui se taisent.Car même quand il ment, c’est lui.
Même quand il fuit, c’est encore lui que je regarde partir.Un matin, sans raison, elle s’est réveillée plus tôt que d’habitude.
Le ciel était gris, pas vraiment triste, juste… silencieux.
Dans le miroir, son reflet avait quelque chose de différent — pas de fatigue, pas de larmes — simplement une absence.
Elle a compris que quelque chose s’était déplacé en elle.Ce n’était pas un chagrin.
C’était le vide, le vrai, celui qui ne fait pas mal, mais qui pèse un peu.
Son corps, lui, se souvenait encore :
la chaleur de ses bras, la façon dont il disait son nom, les rires qui restaient accrochés aux murs.
Mais son amour, lui, commençait à partir.
Doucement.
Sans fracas, sans drame.Elle a préparé son café, lentement, comme on accomplit un rituel ancien dont on a oublié le sens.
Chaque geste était familier, mais déjà un peu étranger.
Sur la table, il restait une tasse qu’elle ne remplissait plus.
Elle l’a regardée longtemps, sans nostalgie, juste avec cette étrange tendresse qu’on garde pour ce qui a été vrai.Dehors, le jour s’est levé sans éclat.
Elle a respiré profondément, et pour la première fois depuis longtemps, elle n’a rien ressenti.
Rien qu’un calme neuf, un espace à l’intérieur.
Peut-être que c’était ça, le début de la liberté :
quand le cœur se tait, et que le corps, lentement, apprend à oublier.Jouibrulance
Elle ne savait plus s’il faisait nuit ou si c’était lui, la nuit.
Tout semblait se dissoudre dans ce souffle qui venait d’ailleurs, celui qu’il laissait sur sa peau, dans ses pensées, jusque dans la respiration du monde.Elle se souvenait de sa voix, basse comme un feu qui ne s’éteint pas.
Chaque mot qu’il disait semblait rallumer quelque chose en elle — un brasier ancien, peut-être le souvenir de toutes les fois où elle avait aimé avant même de connaître un nom à donner à cela.Le vide la traversait, vite, vivement, comme une rivière trop pleine de lumière.
Elle se sentait plume dans la tempête, suspendue entre la chute et l’ascension.
Ce n’était plus une caresse : c’était une brûlure douce, une fièvre qui lui donnait la forme du monde.Lui, c’était l’absence et la présence mêlées.
Il n’avait pas besoin de toucher pour que tout frémisse ; il suffisait qu’il soit là, dans l’air, dans le mot qu’il n’avait pas fini de dire.
Et elle, dans cette attente, trouvait le goût du feu et du souffle.Elle comprit alors que le plaisir n’était pas un cri, mais une dissolution.
Que la jouissance la plus vive ne venait pas du corps seul, mais du vertige de s’abandonner à l’invisible — à cette brûlure qu’on nomme amour, ou folie, ou prière.Il n’était plus un homme, il était l’éclat d’un sens perdu.
Elle n’était plus une femme, mais un souffle rendu à la lumière.Et dans cette union sans gestes, elle connut la jouibrulance —
ce moment où le désir se change en flamme claire,
où le feu devient silence,
et le silence, un éclat de vie. -
-
Comments
-