• Le Livre des Phantasmes

    Dans un village oublié, à la frontière entre rêve et réalité, circulait une rumeur étrange. On parlait d’un livre interdit, connu sous le nom du Livre des Phantasmes. On disait qu’il était “violé” — brisé, malmené par des forces invisibles — et que quiconque osait le lire ne le faisait pas sans conséquence.

    Un soir, poussé par une curiosité plus forte que la peur, tu découvris ce livre dans un lieu que personne ne voulait nommer, un recoin oublié entre deux mondes. Le livre vibrait dans tes mains, comme s’il respirait, son papier frémissant sous tes doigts. À chaque page tournée, l’air autour de toi semblait se charger d’une énergie étrange, une vibration qui résonnait jusqu’au fond de ton être.

     

    Le Livre des Âges (suite)

    Tu ressens un frisson. Le sol sous tes pieds se dérobe, les ombres dansent autour de toi, et une voix murmure, indistincte, entre le souffle du vent et le crépitement du temps lui-même. Elle te guide, t’invite à parcourir les pages invisibles, celles où se cachent les secrets oubliés.

    Tu avances dans ce labyrinthe d’époques. D’abord, l’enfance — un jardin baigné de lumière dorée, le rire léger d’un frère, l’odeur du pain frais. Puis l’Antiquité — les voix puissantes des orateurs, le cliquetis des armures, les murmures des dieux dans les temples. Ensuite, la terre sauvage des premiers hommes, leurs pas lourds sur la terre nue, le feu crépitant sous les étoiles immuables.

    Chaque scène t’emplit d’émotions, de souvenirs qui ne sont pas tous les tiens, comme si le livre t’empruntait des fragments d’âmes dispersées dans le temps. Et pourtant, à mesure que tu avances, tu sens ton propre passé s’effacer, menaçant de se dissoudre à jamais dans ce flot incessant.

    Soudain, une voix claire, plus proche, t’appelle : « Trouve le dernier mot. »

    Tu cherches, fouilles chaque page, chaque image, chaque silence entre les lignes. Puis, au cœur d’une obscurité éclatante, tu découvres une phrase inachevée, un espace vide où devrait s’inscrire le dernier mot.

    Tu comprends que ce mot n’est pas écrit. Il doit venir de toi.

    Tu fermes les yeux, cherches au plus profond de toi, de ce que tu es, de ce que tu as vécu, de ce que tu rêves d’être. Et alors, un mot jaillit — un mot simple, mais chargé de tout le sens : « Retour ».

    Tu le prononces à voix basse, et le livre se referme doucement. Le monde autour de toi bascule, tourbillonne, puis s’apaise.

    Tu te retrouves dans la librairie, le livre posé devant toi, silencieux et clos.

     

    Tu sais maintenant que ce livre est une passerelle entre les temps, mais que le voyage le plus important reste celui vers soi-même.

     

     

     

     

     

    Tu te retrouvais alors projeté dans une scène à la fois familière et étrangère, un paysage fait d’ombres mouvantes et de lumières incertaines, où le temps semblait suspendu. Là, au milieu de cet espace phantasmatique, tu comprenais que le livre n’était pas simplement un objet — c’était un pont, un transfert d’âmes et de souvenirs.

    Peu à peu, tu réalisais que ce livre t’accompagnait partout, qu’il était devenu une présence constante, presque une partie de toi-même. Tu ne pouvais plus te défaire de sa vibration, ni de ce murmure sourd qui t’incitait à chercher, encore et encore, la vérité cachée entre ses pages troublées.

    Mais que voulais-tu vraiment demander, à ce livre transféré ? Et à qui appartenait cette voix qui murmurait toujours, à tes côtés ?

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