• ggggssseee

    "Quand je jouis, j'oublie les mots"

    J’étais venue réviser.
    Elle aussi.
    Du moins, c’est ce qu’on disait pour justifier nos cafés, nos silences trop longs, nos regards trop appuyés.

    Le tableau était là : deux étudiantes en lettres modernes, entourées de livres, de feuilles volantes, de stylos ouverts comme des armes prêtes à écrire le monde.

    Mais ce jour-là, aucune n’a rédigé la dissertation.
    Elle s’est penchée vers moi, comme on effleure une phrase trop belle pour être tue.
    Et j’ai compris : il n’y aurait pas d’introduction, juste un corps à corps.
    Pas de problématique, juste des soupirs.

    Sa main a glissé sous ma jupe avec la délicatesse d’une virgule.
    Puis ses doigts ont pénétré le texte de mon corps comme on entre dans un poème.

    — Tu sais que… je… je perds… mes mots… quand je… jouis…

    Je l’ai dit entre deux respirations.
    Elle a souri.
    Et sa langue a continué d’écrire en moi.

    Elle m’a lue. Entière.
    Page par page.
    Gémissement après gémissement.
    Comme si ma chatte était une bibliothèque interdite.

    Je me suis mise à bégayer. À oublier le nom des choses.
    Les verbes s’évaporaient.
    Les adjectifs se liquéfiaient entre mes cuisses.

    Je n’étais plus étudiante.
    J’étais syllabe, souffle, cri.

    Et quand elle m’a fait jouir, je n’ai pas crié son nom.
    J’ai crié un mot inventé. Un mot brûlant, vivant :
    Jouibrulance.


     

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